Aujourd'hui, nous n'avons vraiment pas envie d'y aller. Comme tous les mercredis, nous allons devoir travailler tout l'après-midi jusqu'au soir. C'est la journée la plus longue et la plus pénible de la semaine, celle où nous avons terminé nos tâches trois ou quatre heures avant la fin de notre service et où nous passons le reste du temps à tourner en rond, à attendre l'heure de sortie. Et, comme toujours, on nous servira la même rengaine : "Ne te plains pas, tu es payé." Eh bien, tant qu'à faire, payez-moi chez moi, non ? Ce serait du pareil au même.
Ce travail nous désespère de plus en plus. Ce n'est pas que nous n'aimons pas travailler, bien au contraire, mais comment rester motivés dans de telles conditions ? Chaque mois, les horaires changent. Tantôt du soir, tantôt du matin jusqu'au soir, on nous impose un rythme, puis on nous le brise aussitôt. Impossible de trouver une stabilité, impossible d'organiser nos vies en dehors du boulot. Cette instabilité permanente épuise aussi bien physiquement que mentalement.
Et puis, il ne reste presque plus personne. Ceux qui étaient encore motivés ont fini par perdre l'envie, eux aussi. Pourquoi ? Parce que la direction garde ceux qui ne font rien et se débarrasse de ceux qui travaillent dur. Comment ne pas être démoralisé dans un tel environnement ? La motivation s'effondre, et avec elle, toute la dynamique du groupe.
Ceux qui restent, ceux qui ont dû remplacer tout le monde, ceux qui ont fait tourner la boutique à bout de bras malgré un effectif réduit, ne reçoivent aucune reconnaissance. Pas un mot, pas un geste. Juste des pions qu'on utilise à volonté et dont on s'étonne ensuite qu'ils finissent par jeter l'éponge. Et quand on ose suggérer qu'il faudrait peut-être encourager et récompenser ceux qui s'investissent vraiment, on nous regarde avec incompréhension.
Alors, pourquoi rester ? Pourquoi continuer à se donner du mal pour un système qui ne nous considère pas ?